Hadrien
Prenez
une cigarette et un verre de coca.
Respirez
lentement.
Et
puis laissez vos yeux se gonfler.
Ça
vous prend à la gorge.
Vous
n’avez même pas besoin de vaciller.
Tout
se trouve là.
À
portée de mains.
C’est
en silence que tout se passe.
Sans
lumière. Sans souffle.
La
nuque rigide et les yeux révulsés.
Vous
n’avez rien à craindre de vous-même.
Ce
sont les autres le danger.
Ces
autres infâmes.
Infirmes
de cœur,
Qui
vous hurlent dessus.
Vous
ne pouvez rien dire contre eux.
Je
me suis retrouvé les lèvres cousues,
Comme
pour l’Eternité.
Une
vague de frisons passant sur mon corps.
En
instant, je me suis vu.
J’étais
une aurore boréale dans un ciel inconnu.
J’étais
comme fait de cette lumière puissante
Je
traversais la nuit.
Je
ne craignais ni l’hiver ni le froid.
J’étais
invincible.
Chaque
couleur devenait plus puissante à mesure que j’avançais.
Et
puis.
Et
puis haletant,
J’ai
pris les morsures sur Ibsenstraße.
Je
n’ai attendu personne pour devenir ce que je suis.
J’ai
pris les portes à prendre
Et
j’ai suivi les routes qu’il me fallait.
J’ai
eu mes doutes,
Mes
instants de brûlures intenses.
Mais
chacune de ces cicatrices fait de moi cet éternel.
Un
temps.
Le
silence. Avant tout le silence.
Par
ce qu’il est grand et qu’il ne ment jamais.
Sans
bruit. On s’entend mieux mourir.
Regarde-moi.
Regarde
cette folie que je porte comme une bague au doigt.
J’ai
chaud.
J’ai
tellement chaud
De
quoi as -tu peur ?
Viens
me battre puisque mes yeux ne sont plus.
Je
ne me coucherais devant rien ni personne.
Je
ne suis que ce que j’ai pu devenir.
Je
n’ai peur de rien.
J’ai
la bouche exultante de fierté.
Et
chacun de mes pas n’est que l’ombre de ce que j’aurais pu être.
Regarde
encore.
N’ais
honte de ton impudeur.
Regarde-moi
fort.
À
en faire explosé la vitre de ma peau bleutée
Vois
ce corps de tranchée.
Que
rien n’abime.
Que
rien ne blesse.
Regarde-moi,
Mon
corps de fils barbelés.
Tranchant
chacun de mes regards,
Contre
autant de tarés.
Regarde
ces perles que je porte
Au
creux de mes épaules.
Et
que j’ai égrainé jusqu’à en avoir la tête qui tourne.
Je
me suis élevé à la dure.
Courant
contre des murs.
Passer
de terrifiants hivers
Où
des arbres aux bras aussi nus que les miens
Porte
des oiseaux de malheurs.
Tremblant
encore à cause de leurs homélies nocturnes.
Et
rien n’aurait pu être fait sans moi.
Sans
moi.
Sans
moi si fort.
Et
ces choses qu’on ne veut voir.
Sous
nos yeux d’aveugles bourgeois.
Tu
n’es plus rien et face à moi,
Tu
ne serais rien.
Je
suis bien plus grand.
Bien
plus fort.
Regarde-moi.
Moi
qui suis ton roi.
Ton
unique, ton suprême.
Éructant
de toutes tes terreurs.
Hurle,
cris, déchire ta peau
Comme
j’ai déchiré la mienne
Pour
en faire cette armure.
Pleure
et pleure encore.
De
toutes ces choses que tu ne seras jamais.
Plonge
toi dans le noir.
Oublie
tes rêves et tes passions
Et
grandis.
Grandis
encore.
N’oublie
pas de respirer.
N’oublie
pas qu’il faut vivre.
Plutôt
que de tourner dans des villes sans noms.
Noies
tes yeux au fond de ses fleuves de violence.
Fais
ce que je t’ordonne.
Toi
qui ne seras jamais que ce que l’on te dira.
C’est
à s’en taper la tête contre les murs.
À
s’en ouvrir le crâne de passions.
Et
touche du doigt
Ce
désir increvable.
Cette
fuite sans fin.
Il
n’est de pire impasse que l’infinie.
Arrache
toi les cheveux.
Brûle
et brille de milles feux.
Deviens
éternel.
Et
regarde-moi.
Il
hurle de tous ses poumons
Regarde-moi.
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