Je sais que la nuit ne vient jamais assez tôt
Que le jour t'épuise de son silence immobile
Qu'il reste, ses serres ancrés dans tes flancs,
Posé sur toi avec tout le poids de ceux que tu as perdus.
Je sais que tu regardes le ciel et qu'il est si blanc que tu as les yeux qui brûlent.
Que tu as beau regarder que tu n'entends rien d'autre
Rien d'autre que son blanc infernal d'infinité.
Je sais que parfois tu cours sans savoir pourquoi
Juste pour t'essouffler et te faire mal à la poitrine
Et que tu finis couché, suffocant contre le trottoir
Je sais que le soir, tu épuises ton corps contre le corps des autres
Que tu jettes ta sueur sur les murs à chacun de tes mouvement de têtes
La musique se vrillant contre toi et toi hurlant, hurlant pour que personne ne t'entende.
Le courage porté entre les dents, dansant, buvant ce qu'il te reste de nuit
Tu poses tes mains le long des autres que tu croises
Espérant qu'ils viendront te rejoindre sur le bord de ta peau
Qu'ils seront filles ou qu'ils seront beaux.
Si enfin l'une se retourne entre tes draps sales
Tu voudrais tant toucher ses seins et qu'elle s'appelle "Léa"
Je sais aussi que le soleil s'acharne toujours dans les dernières heures de la nuit,
Que tu as les jambes qui tremblent quand tu danses sur les ponts,
Que tu finies par maudire les pandardes étoiles qui t'accompagnaient dans ta misère
Alors que le leste et céleste se bat contre les derniers éclats de lune.
Tu te raccroches à ta bouteille telle le dernier ersatz de ta dignité.
Que tu finis par briser comme ce qu'il te reste de beauté.
Je sais que tu te décharnes le cerveau à rêver tellement fort
De partir et de lointain, que tu le tends, tu le tords pour toucher l'horizon
Et maugréer contres les aurores.
Je sais que tu tapes ta tête contre les murs et que cela te fait du bien
Que tu le fais souvent et que parfois les gens te regardent dans le métro
Je sais que tu aimes bien t'engluer jusqu'au caniveau
Que c'est plus facile que d'ouvrir les yeux ici sur tout ces morceaux d'ennuies
Qu'on avale en dilettante pour passer le temps, passer la vie et nos débris.
Je sais que tu voudrais tous les brûler et les regarder souffrir
Tu sais que tu aimerais ça et que tu voudrais le faire
Voir s'effondrer ses immeubles comme des chateaux de sables
Tu vas même y déposer de la dynamite, tous les soirs dans ta tête.
Je sais que tu attends et que tu ne sais plus faire que ça.
Tous les soirs, tous les jours, dans tous les bars, dans tous les corps dans lesquels tu craches.
Dans tous ceux que tu insultes quand tu les croises dans la rue.
Je sais que tu regardes la neige qui n'en fini jamais
Que tu lui dis de mourir quand elle te mord les doigts
D'aller se faire foutre chez les autres, ailleurs et loin.
Mais le ciel ne tombe pas, les arbres ne meurent jamais
Le temps se délite et même le béton disparait.
Les fleurs écloront encore et encore
Sur tes lèvres, dans tes yeux, sur ta langue
Et elles seront cueillis par des dieux et des déesses
Dans chaque jour qu'ils feront
Je sais qu'il faut juste encore fermer les yeux.
Se clore encore un peu.
Les mains sur le ventre et le souffle sage.
Tout cela n'aura jamais assez tard, une fin.
J'ai eu le choix entre écrire et poser des bombes. J'aurai peut-être dû poser des bombes.
mardi 30 avril 2013
samedi 27 avril 2013
Fork.
Elle revient de tellement loin
Qu'elle en revient jamais très bien.
Laissant à chaque fois derrière elle
Tous ses morceaux d'étincelles
De questions, de réponses
Qu'on oublie dans les ans.
Elle n'oublie jamais
Combien elle est perdu
Et en fait sa vertu
Comme d'autres en brûleraient.
Je sais qu'elle garde caché
Des petits morceaux d'elle
Elle porte dans le coin de son dos
Quelques mots écrits sur la peau,
Au dessus de ses reins, deux cent cris.
Je sais que certains de ses matins
Sont si peu palatins
Qu'elle tremble de ses yeux
Pointés sur le béton
De l'horizon perdu
Sur le mur de la rue.
Quand le soir vient et pose
De ses longues mains mauves
Dans son lit, des amants
Elle voudrait bien qu'ils aient
Le courage de leur fait
Elle les prend par la main
Leur dit "attends, j'vais t'apprendre"
Et s'ils font les malins
Les voilà, comme des Cassandre
Elle est tellement plus forte
Que tous les crépuscules
Ne sont rien que des promesses
Que l'aube ne sera jamais une traitresse.
Je sais qu'elle ignore ces choses là.
Mais, je crois c'est pour ça
Qu'elle est Reine de Roi.
dimanche 14 avril 2013
Hadrien
[Il y a des monologues trop longs pour figurer dans des pièces. Ce sont presque des pièces dans la pièce. Alors, j'en laisse un ici. Celui d'Hadrien]
Hadrien
Prenez
une cigarette et un verre de coca.
Respirez
lentement.
Et
puis laissez vos yeux se gonfler.
Ça
vous prend à la gorge.
Vous
n’avez même pas besoin de vaciller.
Tout
se trouve là.
À
portée de mains.
C’est
en silence que tout se passe.
Sans
lumière. Sans souffle.
La
nuque rigide et les yeux révulsés.
Vous
n’avez rien à craindre de vous-même.
Ce
sont les autres le danger.
Ces
autres infâmes.
Infirmes
de cœur,
Qui
vous hurlent dessus.
Vous
ne pouvez rien dire contre eux.
Je
me suis retrouvé les lèvres cousues,
Comme
pour l’Eternité.
Une
vague de frisons passant sur mon corps.
En
instant, je me suis vu.
J’étais
une aurore boréale dans un ciel inconnu.
J’étais
comme fait de cette lumière puissante
Je
traversais la nuit.
Je
ne craignais ni l’hiver ni le froid.
J’étais
invincible.
Chaque
couleur devenait plus puissante à mesure que j’avançais.
Et
puis.
Et
puis haletant,
J’ai
pris les morsures sur Ibsenstraße.
Je
n’ai attendu personne pour devenir ce que je suis.
J’ai
pris les portes à prendre
Et
j’ai suivi les routes qu’il me fallait.
J’ai
eu mes doutes,
Mes
instants de brûlures intenses.
Mais
chacune de ces cicatrices fait de moi cet éternel.
Un
temps.
Le
silence. Avant tout le silence.
Par
ce qu’il est grand et qu’il ne ment jamais.
Sans
bruit. On s’entend mieux mourir.
Regarde-moi.
Regarde
cette folie que je porte comme une bague au doigt.
J’ai
chaud.
J’ai
tellement chaud
De
quoi as -tu peur ?
Viens
me battre puisque mes yeux ne sont plus.
Je
ne me coucherais devant rien ni personne.
Je
ne suis que ce que j’ai pu devenir.
Je
n’ai peur de rien.
J’ai
la bouche exultante de fierté.
Et
chacun de mes pas n’est que l’ombre de ce que j’aurais pu être.
Regarde
encore.
N’ais
honte de ton impudeur.
Regarde-moi
fort.
À
en faire explosé la vitre de ma peau bleutée
Vois
ce corps de tranchée.
Que
rien n’abime.
Que
rien ne blesse.
Regarde-moi,
Mon
corps de fils barbelés.
Tranchant
chacun de mes regards,
Contre
autant de tarés.
Regarde
ces perles que je porte
Au
creux de mes épaules.
Et
que j’ai égrainé jusqu’à en avoir la tête qui tourne.
Je
me suis élevé à la dure.
Courant
contre des murs.
Passer
de terrifiants hivers
Où
des arbres aux bras aussi nus que les miens
Porte
des oiseaux de malheurs.
Tremblant
encore à cause de leurs homélies nocturnes.
Et
rien n’aurait pu être fait sans moi.
Sans
moi.
Sans
moi si fort.
Et
ces choses qu’on ne veut voir.
Sous
nos yeux d’aveugles bourgeois.
Tu
n’es plus rien et face à moi,
Tu
ne serais rien.
Je
suis bien plus grand.
Bien
plus fort.
Regarde-moi.
Moi
qui suis ton roi.
Ton
unique, ton suprême.
Éructant
de toutes tes terreurs.
Hurle,
cris, déchire ta peau
Comme
j’ai déchiré la mienne
Pour
en faire cette armure.
Pleure
et pleure encore.
De
toutes ces choses que tu ne seras jamais.
Plonge
toi dans le noir.
Oublie
tes rêves et tes passions
Et
grandis.
Grandis
encore.
N’oublie
pas de respirer.
N’oublie
pas qu’il faut vivre.
Plutôt
que de tourner dans des villes sans noms.
Noies
tes yeux au fond de ses fleuves de violence.
Fais
ce que je t’ordonne.
Toi
qui ne seras jamais que ce que l’on te dira.
C’est
à s’en taper la tête contre les murs.
À
s’en ouvrir le crâne de passions.
Et
touche du doigt
Ce
désir increvable.
Cette
fuite sans fin.
Il
n’est de pire impasse que l’infinie.
Arrache
toi les cheveux.
Brûle
et brille de milles feux.
Deviens
éternel.
Et
regarde-moi.
Il
hurle de tous ses poumons
Regarde-moi.
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