dimanche 24 mars 2013

Chant de guerre et de colère


[Aujourd'hui, 24 mars 2013, une troisième manifestation nationale a lieu à Paris contre le mariage pour tous. 
Pousser à bout par les flots de boue haineuse déversés par les manifestants, j'ai écrit un chant de guerre et de colère, un cri de résistance. Pour se donner du courage. Pour ne pas baisser les bras.]



C’est un beau soir pour faire la guerre
Je suis prêt, je ne me laisserai pas faire
Il ne faudrait pas trop vite vendre ma peau
Je sais pour qui me battre, je n’ai pas besoin de drapeau

Venez, venez donc avec vos tristes sires
Ils ne me font pas peur, il m’en faut plus pour mourir
Je saurai vous combattre jusqu’au moindre d’entre vous
Vous avec votre teint d’albâtre, vous qui nous traitez de fous

Je vous rends cette honte dont vous nous parez
Il n’est nul Dieu qui compte ici pour se juger
Je sais tous les absents sur le bord du chemin
Tous ceux qu’on a perdus, qu'on garde au creux de nos mains

Je sais le silence qui vient prendre à la gorge
Quand vous sortez vos lances de vos terrifiantes forges
Vous fourbissez vos armes, acérant vos insultes.
Au nom de vos pantins sans âmes et de vos pauvres cultes

Je nous sais bien plus beaux que toutes vos haines
Plus fort que vos Très Haut, qui dans la boue se traînent
Vous ne toucherez jamais aux enfants de l’arc-en-ciel
Si jamais vous osez, vous goûterez notre fiel

Quand l’aube reviendra se poser sur nos corps
Vous ne serez plus rois mais de biens pâles conquistadors
Sans chevaux ni combat, votre opprobre comme oriflammes
Alors le monde verra que vous n’étiez qu’infâmes.  

jeudi 21 mars 2013

Voilà un an, le corps en silence

Voilà un an, le corps en silence.
Comme un coup porté à la nuque
Brisant sans la moindre alerte
La folie dompté qui fût mienne.

S'invitant comme reine en son palais
La douleur à sa suite,
Explosant la porte de chaque chambre
Se couronnant de mépris.

Sygdom, Sygdom Impératrice,
Sur le royaume de mon corps.
Un an, sans comprendre
Sans pardon ni pourquoi.
Oubliant les amants, les fous et les aimés
Eructant sur ceux-là même qui
De leur culte me sauvait.

Se plier, se tordre
Et faire son propre deuil.
Combattre sans cesse
Sans ne rien connaitre
De cet ennemi impossible
Cet inconnu merveilleux
Qui croise et recroise
Les choses du corps.

Corps, Corps,
Encore lui,
Encore toi
Et pour toujours.
Ne connaitras-tu donc jamais de Paix.

Pace et partir
Fuir, fuir et férir encore
Férir pour ne pas périr.
Pas encore, pas maintenant, pas déjà.

Revenir plus que toujours
Aux mêmes endroits
Aux mêmes creux.

Et avoir le souffle qui s'épaissit
La tête qui tourne
Et la poitrine qui se creuse
A la moindre de ses évocations.
Comme l'urgence qui remonte
Dans la paume de nos mains.

Se perdre la raison
Et faire taire la peur
La tête contre les murs.
Bâtir des empires de colères
Laver ses hurlements à la lumière de nos rages célestines.

N'être jamais plus seul que dans les mains des autres
Des autres oubliants.
Baveur de boue
Damné des Damnants
Se glorifiant de leurs propres vanités.

Vanité, Vanité, Vanité.
Pour les Soleils effacés
De nos Aubes perdues.

Sans le moindre cap,
Je tiens pourtant toujours la voile haute.
Sans la moindre couleur
Dans le fond de mes closes paupières,
Me voilà, combattant acharné des pertes intimes.

Me voilà, tenant encore debout.
Face à ce néant lacéré
Posant sur mes restes
Les Oiseaux lancinants de landes disparues.

Me voilà, me voilà.
A jamais immolé dans ma propre chair.

Et quand viendra cette fin,
Quand l'heure de l'Apothéose
Se posera sur mon épaule
Quand je me saurai enfin victorieux
Sans la première larme
Je cracherai au visage délavé
De cette infirmité sans valeur

Sygdom, Sygdom, Sygdom,

Fais toi Reine, je te ferai Morte.

lundi 18 mars 2013

Petite musique de Jour

Un jour comme toutes les fins du monde
Comme la pierre retombant après la pluie.
Un jour comme le ciel bleu-noir avant l'orage
Comme la peur qui cours entre les veines
Comme le silence et la lie.
Comme la terreur et le bruit.
Comme le pardon et l'ennuie.

Un jour comme les cieux n'en font plus
Comme la lumière qui aveugle mais n'éclaire.
Comme la peau qui se crible de pardons et d'échos
Comme les fausses rages et les vrais oripeaux.

Un jour comme le premier matin
Comme la brume sur nos plaines
Un jour comme on se maudit
Comme on s'abhorre et se déteste
Un jour comme les dieux ne nous en avaient offert depuis longtemps.

Un jour de combat, de guerre et de larmes.
Un jour pour les perdus et les sans-voix.
Un jour comme le souffle et le corps qui tremblent.

Un jour à damner les pierres.
À maudire les étoiles.
Un jour à enfouir sous des lunes de silence.
Un jour à chérir de le creux de nos corps.

Un jour pour dire adieu, au revoir et à bientôt.
Un jour à se reconnaitre et à se perdre.
Un jour à cribler les Pieux et à implorer les Démons.
Un jour aux larmes d'ébènes.
Un jour, un autre, un plus abscons.


mercredi 13 mars 2013

Que veux tu ?


L’œil tremblant à l’instar
De ma main sur mon verre
Il est bien sûr trop tard
Pour rejoindre la Terre

Je n’ai fait que te suivre
Malgré ce qu’hurlait la nuit
Maintenant je vois le givre
Me recouvrir de dépit

Que veux-tu pour ma mort
Pour un souffle de toi
Sur l’aube de mon corps
A l’orée de tes doigts

L’adieu vide à l’instant
Où tu t’enfui en fracas
Courant ta perte en l’amant
Dont tu tenais le bras

Il me reste l’alcool
Dans le creux de tes hanches
Que je bois comme j’immole
Le reste de mes nuits blanches

Que veux-tu pour ma mort
Pour un souffle de toi
Sur l’aube de mon corps
A l’orée de tes doigts

La lèvre blanche à l’instinct
Comme d’autres s’oublient
Dans les lueurs du matin
Qui me ramènent à la vie

Mais sais-tu qui tu brûles
En reposant tes dents
Quelle nuit s’immacule
Juste en te soupirant


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mardi 5 mars 2013

Monologue d'Arthur

[Il y a des choses bien trop longues pour être postée ici. Des pièces, des scénarios, des trucs pas finis. 
Mais je peux mettre certains monologues. En voici un, celui d'Arthur. ]




Arthur

Tu n’as jamais brisé le moindre miroir à mains nues en voulant briser ton reflet. Tu n’as jamais pleuré dans des salles pleines sans que personne ne te remarque. Tu as toujours été celui qu’on admirait. Le beau garçon.
Tu n’as jamais écrit à quelqu’un à l’autre bout du monde pour lui dire combien tu te sentais seul. Tu n’as jamais renoncé à aborder qui que ce soit pour la seule raison que tu ne te sentais pas digne de sa beauté.
Tu ne sais pas ce que c’est que de boire tout seul. Que d’aimer des océans de vide. Que de pleurer sans personne à qui le dire.
Tu ne peux pas savoir que cela fait mal au creux des mains d’être seul. Tu n’as jamais eu d’ami imaginaire.
Tu n’as jamais fait semblant d’être amoureux de quelqu’un juste pour ne pas être seul.
Tu n’as jamais suivi une personne en te disant qu’elle ne te plaisait pas mais que tu ne pourrais pas trouver mieux.
Tu n’as jamais fêté ton anniversaire avec des inconnus, juste pour ne pas être seul.
Tu ne t’es jamais frappé tout seul. Tu n’as jamais essayé d’être beau. Tu n’as jamais passé de soirée entière à regarder les autres s’amuser, danser, rire et se faire l’amour.
Non, Louis. Tu ne connais pas la solitude.
La peur terrible, l’impression d’être au bord du vide.
Tu ne sais pas ce que c’est de ne pas savoir comment vivre la prochaine heure, la prochaine minute.
Tu ne connais pas le silence infini qui se glisse entre les draps, chaque soir
Chaque foutue nuit.
Tu ne connais pas le bruit terrifiant d’un lit vide qui s’ouvre.
L’odeur du tabac froid au réveil quand on préfère dormir avec son cendrier plutôt que de dormir seul.
Tu n’as jamais eu peur de Noël.
Tu ne t’es jamais senti seul au milieu d’une foule et tu n’as jamais cru à la fin du monde en plein milieu d’un opéra.
Non, Louis, tu ne sais pas ce que c’est d’être seul.
Non, Louis, tu ne connais pas la solitude.