[À l'origine, c'était un monologue]
Comment fait-on pour mourir ?
Pour dire adieu à des
inconnus ?
Comment dit-on l’absence, l’absurde,
l’abscons ?
Quelles sont nos armes ?
Pour vivre de tout son souffle, des
vies fébriles, des vies brûlantes.
Des vies dont on ne veut plus, dont on
ne veut pas.
Où se trouve la raison, la candeur, la
passion ou la peur ?
Et que fait-on des lippes bâtardes ?
Où va-t-on quand on se perd sans
cesse, dans des nuits, dans des rêves ?
Quels sont les puits dans nos âmes qui
ne connaissent de fonds pour pouvoir les vider tant et plus ?
De quelle encre, de quels cris viennent
ses choses profondes du corps ?
Comment dire le pardon, le peut-être
ou l’adieu ?
Comment souffrir le désir à nos peaux
épuisés ?
Vers quels regards tourner nos joues
pour assoiffer la crainte ?
Pourquoi des bras aveugles posent sur
nos visages des terreurs insolentes ?
Suffit-il de mettre sur ses mains du
rouge et son front de l’eau ?
De balancer aux murs nos impatiences ?
De se cacher vers des questions
inutiles ?
Des « je ne sais pas » sans
la moindre résonance.
J’en ai croisé des doigts
silencieux.
Les miens le furent.
Et puis, j’ai doucement soulevé
cette peur par un angle.
J’en ai pris une force évidente.
Et de jours, en jours.
De nuits, en nuits.
J’ai battu ce qui fût pour bâtir ce
qui fait.